Lieux historiques

LE DELTA BLUES

Origine probable du blues, mais pas tout à fait certaine. Ce delta, dont le centre « urbain » est Clarcksdale, est largement peuplé de noirs. Comme le dira John Lee Hooker, originaire de cette région : « Je peux vous dire pourquoi les meilleures artistes de blues viennent du Mississippi. Parce que c’est le pire de tout les États ! Quand on est malheureux à crever, on a le blues … Alors, on joue le meilleur blues quand on a été Noir là-bas au fond du Mississippi. »

Le style de ce blues est dominé par le rythme plutôt que la mélodie qui est même parfois absente. Si aujourd’hui on connaît surtout Robert Johnson, il ne faut pas oublier qu’il n’était que l’un des stylistes du Delta parmi d’autres encore plus influents. Nous ne reviendront pas sur Charley Patton, Son House, Bukka White, Skip James, Big Joe Williams et les autres.


LE BLUES DE LA COTE EST

Ce blues marie le blues venu probablement assez tardivement du Delta avec de fortes traditions musicales locales. Les plantations de tabac ou de coton de ces États a engendré une tradition musicales importantes, mariant les mondes Africains et Européens et donnant ce qu’on appelle aujourd’hui « Folk Music ». Un jeu de guitare (ou d’harmonica) très exubérant, virtuose et délié y est à l’origine du Fingerpicking qui a pris naissance dans les années 1910. Blind Blake est le grand créateur de ce style, ainsi que Blind Boy Fuller, Reverend Gary Davis, Brownie Mac Ghee ou Sonny Terry. Enfin, les blues de la Côte Est racontent une histoire, souvent d’amour déçu, fréquemment à la limite de la mièvrerie.


ATLANTA BLUES

La Georgie est un vaste État qui fait un peu tampon entre le vieux sud et le sud profond. Sa capitale, Atlanta, a été pendant longtemps une des rares grandes villes du Sud des États Unis. Elle abritait donc des théâtres populaires et des Music Halls où on pouvait entendre des artistes de variétés, des troupes de vaudeville ou même des tournées de musiciens et danseurs hawaïens. Un blues à la coloration particulière s’est développé à Atlanta, mélangeant avec bonheur les traditions de la côte Est, celles du Delta avec nombre d’influences des airs de vaudeville, de la country music naissante ainsi que les sonorités de la guitare Hawaïenne. Blind Willie Mc Tell et Kokomo Arnold sont des figures dominantes du blues d’Atlanta.


TEXAS BLUES

Peuplé de mexicains à l’origine, le Texas a abrité (et abrite encore) une tradition de chanson hispanique et de musique dérivée de l’Andalousie qui a fortement marqué le blues de cette région. Celui-ci, sombre et introverti, est souvent aussi plein d’humour et d’autodérision. Sur le plan musical, l’usage de figures d’arpèges et de techniques guitaristiques directement issues du flamenco donne au blues texan une coloration très particulière. Malgré un racisme et une ségrégation féroces, le Texas a aussi été un lieu très fructueux d’échange entre musiciens blancs et noirs, donnant des styles de musique populaires très attachants comme le Western Swing. Nous citerons Blind Lemon Jefferson et Texas Alexander comme les pères fondateurs du blues texan.


MEMPHIS BLUES

MEMPHIS a depuis fort longtemps été le débouché naturel des plantations de coton de la basse vallée du Mississippi. Les orchestres de la ville ne sont pas très accueillants pour les musiciens venus de la campagne. Mais la demande est telle que beaucoup réussissent en adaptant le « Back Porch Blues », celui que l’on joue sur les vérandas dans la campagne, à l’atmosphère de la capitale du coton. C’est la fin du blues en « solitaire » et la naissance des duos de guitare. C’est ainsi que la discipline, la mesure et le rythme régulier sont acquis. Une guitare assure le soutien rythmique, l’autre joue les contre chants, parfois des solos. Ces duos de guitare constituent la nature essentielle du nouveau MEMPHIS Blues qui se met en place à la fin des années 20 avec Frank Stokes, Memphis Minnie et Furry Lewis.

A coté de ces duos de guitare, on trouve aussi d’extavaguantes élaborations orchestrales : une floraison de Jug Band voit le jour avec pour instruments des jarres de whisky vides ou à demi-pleines dans lesquelles on souffle, clochettes de vaches, mandolines, guitare, kazoos, peignes et harmonicas. Le Memphis Jug Band est le plus connu de ces orchestres de bric et de broc.


SAINT LOUIS BLUES

Saint Louis, à l’intersection du Mississippi et du Missouri, est une étape importante dans la migration des noirs vers le Nord. Le blues sudistes, largement pratiqué à la guitare, rencontre là-bas une tradition de piano de barrelhouses, les bastringues et les maisons closes. Le guitariste Lonnie Johnson fait fureur dans les bars de la ville. Dans le même style, on retrouve le pianiste Leroy Carr et le guitariste Scrapper Blackwell originaires d’Indianapolis.


CHICAGO BLUES

Chicago est bien entendu l’étape ultime. Contrairement à Memphis et St Louis, Chicago est dotée de studios d’enregistrement perfectionnés. Les artistes du sud qui viennent pour enregistrer sont tentés de profiter des multiples opportunités qu’offrent les bars et les tavernes des quartiers noirs. Ils impriment une force et une urgence de vivre qui trouveront leur pleine mesure quelques années plus tard avec la possibilité d’électrifier les instruments, notamment la guitare et l’harmonica.

Parmi les premiers artistes du Chicago blues, notons Big Bill Bronzy, Tampa Red, Jazz Gillium, Arthur « Big Boy » Crudup, John Lee Williamson …